La maison connectée : quelques chiffres impressionnants
Research & Markets, le plus grand magasin d'études au monde, s'attend à ce que le marché mondial de la domotique affiche une croissance annuelle de 16,5 % d'ici 2025, lorsqu'il générera un chiffre d'affaires de 144 milliards de dollars (130 milliards d'euros). En s'intéressant plus spécifiquement à l'Europe, le cabinet d'études suédois Berg Insight évalue le marché des systèmes de maison intelligente à 12,9 milliards d'euros en 2018 et prévoit qu'il atteindra 36,8 milliards d'euros en 2023, porté par une croissance annuelle moyenne de 23,4. %. Au total, 644 millions de produits domotiques ont été livrés en 2018, selon IDC. Leurs prévisions suggèrent que ce nombre atteindra 1,3 milliard d'ici 2022. Il est donc clair qu'il s'agit d'un secteur en croissance très rapide.
Éviter tout déterminisme technologique
Dans ce contexte d’enthousiasme généralisé, il est néanmoins tout à fait légitime de s’interroger sur l’utilité de cette course aux armements technologiques nationale. Selon Patrice Barbel, enseignant-chercheur à l'Université de Rennes 1 qui dirige le Master d'éco-ingénierie Ingénierie des TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) à l'ISTIC (Institut Supérieur des Technologies de l'Information et de la Communication) de l'université, tout déterminisme technologique doit être absolument évité. .
« Si l’on veut identifier les enjeux réels de la maison connectée, il faut toujours partir des besoins exprimés par ceux qui y vivent. Et selon moi, la majorité de celles qui s'expriment aujourd'hui portent sur la transition énergétique et le maintien à domicile des personnes âgées en alliant confort et sécurité », explique-t-il.
Efficacité énergétique : prendre le contrôle
Alors, comment concevoir des outils de maison intelligente qui soient vraiment utiles à ceux qui les utilisent ? Pour Patrice Barbel, tout est question de résultats. Cela signifie, par exemple, construire des indicateurs qui surveillent la consommation énergétique de la maison et mettre en œuvre des processus efficaces pour réduire cette consommation. « Les technologies doivent se concentrer sur la capacité de mesurer ces paramètres à la maison. L’objectif principal ici est de donner aux résidents les ressources dont ils ont besoin pour comprendre les processus qui se déroulent autour d’eux. Si vous ne mesurez pas, vous ne pouvez pas comprendre et donc vous ne pouvez pas prendre de mesures significatives », poursuit-il, ajoutant : « Ce n'est pas la maison qui est intelligente. C'est la façon dont ceux qui vivent dans la maison et la façon dont ils interagissent avec elle qui font la différence. C'est la compréhension qu'ont les gens de leur façon de vivre qui est le plus important. La consommation énergétique du logement est par définition invisible, sauf à l'arrivée de la facture semestrielle. Nous devons donc rendre visible ce qui autrement est invisible. Le défi consiste à prendre le contrôle.
Soins à domicile et efficacité énergétique : le même combat
Capteurs de mouvement, bracelets d'activité, alarmes à distance, robots d'assistance… Les nouvelles technologies de santé connectée ouvrent également un très large éventail de possibilités autour du maintien à domicile des personnes âgées.
« Faciliter le maintien à domicile des personnes âgées et/ou dépendantes facilite également la vie des professionnels qui leur rendent visite et leur apportent une aide pratique. Les technologies nécessaires pour transmettre l’information nécessaire à tous les acteurs existent, mais il faut aussi construire des modèles d’interaction qui permettent aux personnes âgées de garder le contrôle de leur cadre de vie, car à bien des égards l’autonomie est indissociable du contrôle », résume Patrice Barbel. Il peut s'agir de concevoir des « scénarios réels », pensés pour et par les habitants et adaptés précisément à leurs besoins et habitudes. Par exemple, ouvrir automatiquement les volets tous les matins, allumer le chauffage de la salle de bain à l'heure habituelle ou utiliser un seul bouton pour allumer ou éteindre les lumières au lever le matin ou au coucher le soir, par exemple. Mais ces solutions incluent également des détecteurs de mouvement et des systèmes d'éclairage automatiques pour réduire le risque de chute ou une télécommande pour pouvoir ouvrir la porte d'entrée sans avoir à marcher jusqu'à elle. Quelle que soit l’application, l’idée est d’adapter la maison à la personne qui l’habite. Et pas l'inverse.
En fin de compte, c'est sans doute ce qui rend la maison intelligente vraiment pertinente et intéressante : s'il est vrai de dire qu'il y a des maisons capables de se gérer de manière autonome, capables d'optimiser leurs dépenses énergétiques et qui regorgent d'innovations, mais il y a surtout des maisons qui donner à leurs résidents le pouvoir le plus important de tous : la connaissance.
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